De nos jours nous n’acceptons plus de courir des risques. C’est un fait de notre nouvelle société et cela prendra de plus en plus d’importance dans nos esprits… Et de place dans les médias : en effet, faut-il consacrer des heures et des heures d’antenne pour parler d’un incident, sur lequel on n’a que peu d’information à distribuer ?

En conséquence :
Face à ces pseudo actualités brulantes il faut noter la très forte baisse de la gravité des incidents et de leurs conséquences en particulier sur les populations. En d’autres termes, rien ne justifie un tel bruit de fond dans les médias, si ce n’est que pour marquer les esprits, jouer de la sinistrose ou bien, même manier le marketing de la peur et de l’angoisse. (comme beaucoup de régimes totalitaires).
Qui se réfèrent encore aux risques des catastrophes d’autrefois ?
par exemple :
- 300 000 000 de morts dus à la variole au XXe siècle ;
- 250 000 000 de morts à cause de la peste noire ;
- 29 000 000 morts de famine en Chine (1958 – 1961) ;
- 2 000 000 dans des inondations en Chine (1931)
- 830 000 au cours d’un tremblement de terre de Shaanxi (Chine)
- 300 000 par le cyclone de Bhola (1970) ;
- 225 000 un Tsunami en Indonésie (2004) ;
- 123 000 un séisme à Messine (1908) ;
De même, des catastrophes récentes en France :
- Catastrophe minière de Courrières (1906) plus de 1000 morts ;
- Accident ferroviaire de Saint-Michel-de-Maurienne 435 morts (1917)
- Rupture du barrage de Malpasset à Fréjus (1959) 423 victimes ;
- Incendie des Nouvelles Galeries, sur la Canebière à Marseille : 73 morts. (1938) ;
- incendie dans la mine du Bois du Cazier fait 262 victimes. (1956)
- incendie du 5-7 de Saint-Laurent-du-Pont : 146 morts (1970) ;
- incendie du CES Édouard-Pailleron à Paris : 20 morts (1973).
De la prévention ?
D’abord, reconnaissons qu’en matière de prévention des risques et d’organisation des secours, nous avons fait d’énormes progrès : par exemple avec le Dossier Départemental des Risques Majeurs (DDRM) et sa version communale… quoiqu’il en soit, l’angoisse d’éventuels dommages augmente dans nombre des esprits, et en second lieu de l’intérêt des Médias, comme s’ils n’avaient rien d’autres à raconter.

On déplore même parfois d’être victime d’un phénomène d’hyper précaution.
Depuis l’incendie de Notre Dame !
Ceci est mon 4ème article sur la gestion des risques. J’entame d’ailleurs la rédaction un livre sur “le Management des Risques” que déjà nous n’acceptons plus de courir, et que nous ne supporterons de moins en moins à l’avenir :
- l’affaire Lactalis, qu’on aurait pu éviter à l’aide de simple QR Codes sur les emballages (aucune victime);
- du cheval dans des raviolis puis de la viande avariée venant de Pologne. Là aussi, c’est une question culturelle ancienne de certains professionnels de la filière viande (aucune victime) ;
- les taux d’arsenic très élevés dans des écoles dans l’Aude dus en fait, à des déchets miniers qui traînaient à l’air libre depuis 14 ans (aucune victime) ;
Des risques heureusement sans graves conséquences humaines.
Est-ce de la paranoïa ? de la faute des médias ? ou bien de la mauvaise communication des élus ou des acteurs de l’exécutif ?
Non, cela illustre juste un fait de notre nouvelle société hyper informée, et aussi dans l’immédiateté. Surtout nous n’accordons plus aucune crédibilité aux propos lénifiants et parfois débiles tels que : le nuage de Tchernobyl qui s’est arrêté à notre frontière). Quand nos responsables nous affirment leurs certitudes notre réaction sera : « ils nous cachent la vérité.
Et ce, pour 73% des interrogés, dans un sondage récent effectué après l’incendie de Rouen.
La confiance
Les 4 piliers de la confiance sont : Intégrité, Intention, Capacités, Résultats. Est-elle toujours là ?
Avons-nous confiance aux responsables des communications officielles, chargées d’informer et de rassurer les populations… Je vous laisse la réponse.
Traiter le mal à la racine
La racine de ces dysfonctionnements c’est avant tout, de laisser ces Fake News se diffuser librement sur la toile, sans contrôle (et sans aucune sanction pour les auteurs).
Non là, il ne s’agit pas là de liberté d’expression.
Par ailleurs, malgré tous nos progrès de prévention, même si le nombre de victimes diminue drastiquement, l’angoisse des populations, même irrationnelle demeure, voire gagne du terrain.
Alors que faire contre ce constat ?
Puisqu’on ne peut pas lutter contre cette inquiétude toute naturelle des gens, il faut combattre l’existence des risques à la racine. (cf diagramme de Couturier) :
1°) Tout d’abord, il faut identifier tous les risques possibles ou probables, dans tous les organismes, et ce à tous les postes de travail, en faire la liste
2°) Puis, établir pour tous les risques identifiés, le niveau des conséquences possibles pour décider d’agir #oupas, par exemple :
- Au Niveau 1 : il ne se passe rien, donc, il n’y a pas de risque ;
- Niveau 2 : il se passe quelque chose dont l’impact reste localisé au niveau du poste de travail lui même ou d’un seul service (interne);
- Niveau 3 : il se passe quelque chose avec un impact peut-être général pour l’organisation,
- Enfin au Niveau 4 : il se passe quelque chose pour la population, par conséquent cela représente le niveau le plus grave.
Par la suite, et en second lieu :
3°) Établir des priorités d’actions voire en cas de trop grandes difficultés d’y pallier (organisationnelles, financières), d’en accepter le risque, mais de tenter d’en maîtriser les conséquences.
4°) Par la suite, trouver les causes possibles de dysfonctionnements éventuels selon un Ishikawa : (humain, environnemental, méthode, machine, milieu).
5°) En fait, mettre en place des solutions pour lutter contre les causes identifiées, avant qu’elles n’entraînent une catastrophe.
C’est ainsi qu’en éliminant les risques probables
On supprimera ainsi des causes…donc des accidents… donc l’angoisse des catastrophes à venir. Mais en fait, cela demande une autre stratégie que celle du « profit à tout prix ».
Quant à l’incendie de Rouen (comme dans bien d’autres endroits), était-il raisonnable de stoker des milliers de tonnes de produits dangereux dans un environnement urbain ? Même si nombre d’habitations voisines ont été construites dans ce lieu, après l’installation de l’usine.
Aujourd’hui
En conclusion, nous vivons désormais dans un monde très interdépendant, pour ne pas bien réfléchir avant d’agir. C’est le fameux « effet papillon » : une expression qui résume une métaphore concernant le phénomène issu d’une conférence scientifique en 1972, dont le titre était : « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas» ?
« Gouverner c’est prévoir »
Quoiqu’il en soit, de tels manques de réflexion, ou bien de prévision se rencontrent tous les jours dans notre vie quotidienne.
En d’autres termes, des règlements, donc, des mesures de précaution existent bien contre à peu près tous les risques identifiés, en fait, ils ne sont pas toujours appliqués (sans grandes conséquences pour les fautifs), de surcroît, même quand il s’agit de lois votées.
Exemple :
Dans la périphérie des centres urbains, on a construit sans prendre en compte les augmentations de trafic, pourtant prévisibles. Donc, bilan : aujourd’hui on a les plus grandes difficultés pour tracer de nouvelles voies d’accès ou bien simplement d’élargir celles existantes, au risque d’un bouchon monstrueux qui surviendra bien un jour.
Comme mesure radicale on chasse les voitures des centre-ville…et en outre le décideur passe pour un vrai respectueux de l’environnement. C’est du « greenwashing ».
Autre exemple :
Nombre d’agressions sont commises dans la rue, par des déséquilibrés, mal suivis, voire non soignés, en libre circulation. Ils constituent un réel danger parfois fatal pour tous. Avant ces malades on les hospitalisaient dans des centres spécialisés, ou on ne les guérissait pas forcément, mais ils étaient pour le moins écartés de la société. Aujourd’hui les médecins ne les prennent plus en charge ou très peu.
Pourquoi ? je ne sais pas, peut-être par manque de moyens. Toujours est-il que n’importe qui, sur la voie publique est susceptible d’être victime d’une « bouffée délirante ».
D’une manière générale pour mettre en place une mesure correctrice nous décidons trop vite, sans remonter bien en amont à la racine du problème.
Mais encore :
Une catastrophe, un accident, un malheur « fait vendre » du papier et de l’information sur les réseaux sociaux. Cela aussi c’est une réelle question culturelle de notre époque.
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